Depuis quelques années, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ne cessent de nous offrir une multitude de services, parfois superflus, via des outils et des milliers d’applications qui nous sont devenues la plupart du temps paradoxalement indispensables.
Ces outils technologiques constituent une véritable composante de notre quotidien, à tel point qu’elles affectent notre société et notre comportement individuel bien plus que nous ne le pensons. Et l’ère numérique ne fait que commencer !
La peur de manquer quelque chose
Notre dépendance à l’utilisation de ces outils ne cesse de croître, induite par la crainte de beaucoup d’entre nous de passer à côté d’une actualité vis-à-vis de laquelle nous nous sentons proches. Qu’il s’agisse de médias, de politique ou d’offres commerciales, les réseaux sociaux sont venus renforcer cette « dépendance à l’actu ».
À ce phénomène appelé FOMO (« Fear of missing » out, ou « peur de manquer quelque chose ») s’ajoute un comportement induit dans lequel le manque de temps nous oblige à réaliser plusieurs tâches simultanées, et ceci de plus en plus fréquemment. Cette évolution de notre comportement affecte de manière croissante notre capacité à faire des choix[1] au moment opportun.
Des études[2]ont démontré que ces nouvelles dispositions de notre esprit entrainent un impact majeur sur nos capacités de concentration et sur notre comportement, collectif et individuel.Conserver du temps « utile »
Ces services créés par le biais des NTIC nous apportent généralement un avantage certain en rapport avec l’objectif que nous nous sommes fixés en y souscrivant, mais ils proposent bien souvent des offres annexes qui s’éloignent de l’usage initial que nous voulions en faire, quand ce n’est pas nous qui détournons volontairement ce même usage. Si bien qu’ils grignotent peu à peu un peu plus notre temps, de manière presque insidieuse.
Prenons un simple exemple : il est certain que chacun d’entre nous a créé son adresse émail dans le but d’en faire un usage « utile ». Mais nous nous retrouvons rapidement inondés de mails peu pertinents face à nos centres d’intérêt, vantant les mérites de tel ou tel produit via une offre défiant toute concurrence, dont les qualités sont en réalité souvent douteuses et ne disposant d’aucune évaluation qualifiée. À cela s’ajoute les mails humoristiques des collègues des newsletters chronophages, et j’en passe, bref, difficile de faire le tri dans tout cela et surtout de quel temps disposons-nous réellement à effectuer des actions « utiles » dans un tel environnement ?
La tentation du « tout gratuit »
Les réseaux sociaux épousent parfaitement ces nouvelles règles induites par les NTIC, ils ont favorisé la diffusion d’une culture de la gratuité qui oblige les marques à redoubler d’efforts sur leurs offres, les bons plans peuvent se dénicher à la pelle, et beaucoup d’entre nous ne veulent pas les manquer.
Selon la loi de Chris Anderson, qu’il aborde dans son ouvrage La longue traine, 98% des produits de niches trouvent aujourd’hui preneur grâce à internet. Et face à la rude concurrence qui se masse autour de ce marché en plein essor, les marques doivent se plier à la culture de la gratuité, exigence de ces nouveaux consommateurs, enfants de la génération des NTIC. Elles doivent apporter du contenu qui valorise leurs prospects, que ce soit via un produit physique ou numérique.
Mais bien évidemment, rien n’est jamais totalement gratuit dans l’environnement du numérique. Le temps que nous passons à compulser ces offres alléchantes laisse derrière nous nos empreintes numériques, et pour les marques elles ont une grande valeur ! Malgré toutes les précautions que nous pouvons prendre, les messages d’avertissement sur les conditions d’utilisation que les sites commerciaux émettent et les gardes fous institutionnels que nos politiques établissent, nous laissons consciemment ou non une trace de notre passage sur la toile.
En somme, les NTIC ont suscité un tel engouement, une évolution tellement rapide de notre comportement, bien souvent incontrôlable, qu’il est devenu difficile de distinguer qui de la technologie ou de l’individu est devenu le produit de cette nouvelle ère qui analyse tout, qui traque les utilisateurs, qui en connait bien plus sur nous que nous-mêmes.